#20 Une femme sur la lune, un homme dans mon lit

Une femme sur la Lune, un homme dans mon lit. 

C’est officiel, il y aura bien une femme génération Artémis pour aller fouler, plus de 50 ans après Neil Armstrong, le sol lunaire. 

En 2024, la parité sera respectée sur la Lune, et je ne parviens pas à savoir si je dois m’en réjouir ( ah génial ! ) ou maugréer ( ah bah c’est pas trop tôt) 

Lorsqu’Amstrong posait le pied sur la Lune et disait cette phrase devenue culte, elle ne pouvait pas aussi s’adresser au mini progrès du droit des femmes 

Seulement 4 ans plus tôt en 1965 ,aux US, les femmes mariées pouvaient enfin poser le pied dans un milieu professionnel sans l’autorisation de leur mari.

Le tête dans la lune et les ovaires sur Terre, je me posais la question sur ma puissance sexuelle de femme-célibataire-de-plus-de-45 ans, faisant référence en sous-titre à la puissance paternelle qui privât la femme de toute autorité parentale conjointe jusqu’en 1970. 

Bienvenue dans l’épisode 20 du podcast EEMTF

Musique (que restent il de nos amours, Avalon Jazz ) 

Et nous, femmes divorcées, célibataires, que reste-t-il de nos émois sous la couette ?

Je trouve que la décennie de la quarantaine devrait être vraiment coupée en 2. Il y a le avant 45 ans et le après-45 ans. Force est de constater qu’il existe vraiment une bascule dans l’esprit des gens et de facto dans le nôtre à ce mi-parcours. Nann? A une année près, on bascule de la quadra fringuante et sexy  à la ménopausée sereine ou flippée.

Dans « le coeur synthétique », prix Médicis accordé à Chloé Delaume, l’héroïne Adélaïde, fraichement séparée à 46 ans, déploie une folle énergie à trouver un nouveau mari, prise d’épousïte aigue dans le fracas de la peur de la solitude. 

J’ai lu son chemin de vie comme si j’étais en face d’une espèce totalement opposée à la mienne. 

Moi les hommes, je vis avec eux depuis l’âge de 18 ans, 3 longues histoires dont un mariage , 2 enfants à 20 ans d’écart alors même pas en rêve que je veux retrouver leur chaussettes sales dans le panier à linge ( et encore quand il le trouve, le panier à linges), même pas en rêve d’être obligée de préciser si je vais voir mes copines ou que je veux me faire un toile tranquille 

(bon ok j’ai pas de bol, je suis célibataire depuis 6 mois, abrutie par les contraintes de confinement et couvre-feu qui saucissonnent mes fringales de liberté et de renouveau sexuel ) 

Je suis une célibataire de l’ère covidienne, période qui anéantit les désirs d’évasion, de nouvelles rencontres, de parties de jambes en l’air sous couvre-feu.  

Mais y’a un truc qui me chiffonne , c’est que si je refuse désormais la vision d’un quotidien partagé, se pose quand même la question de la survie de mon clitoris . Ouep ouep. 

Celui-là pas question de l’abandonner sur l’autel de mon célibat, de le sacrifier à mon désir d’indépendance, de le crucifier ( oups pardon pour l’image qui désormais trotte dans ta tête) sur la croix rude et pleines d’échardes de la chasteté. Non  la taxidermie du clitoris ne passera pas par moi. 

Il est tout à fait hors de question que je mette fin, ou même une pause à une vie sexuelle commencée tôt, parfaitement entretenue au fil des années par un nombre d’amants que je , que je…  

Ben non, j’ai voulu commencer le calcul et j’ai pas réussi à me fixer sur un nombre. 

Bref je pose officiellement la question : Qu’y a t il sur le marché pour une femme hétérosexuelle de 47 ans ? 

( et en même temps, je me rends compte du chemin parcouru : Si un homologue masculin donc disait cette phrase dans un podcast, il n’aurait pas le temps de la finir qu’on lui ferait bouffé son pénis sauce gribiche) 

Comme le rappelle Chloé Delaume dans son livre, « le coeur synthétique »,  Il y a plus de femmes que d’hommes et ces derniers meurent en premier. Les filles, va falloir la jouer très très  fine. 

J’ai le souvenir récent de ma sista niçoise qui un jour au téléphone me dit : 

« Non mais Esther, nous les quadras célib, on va quand même pas se taper des vieux non ? Il nous reste quoi?  ben les petits jeunes de moins de 40 ans ! »

Et là bim, au-delà du fou rire proche de la descente d’organes que cette phrase plein de bon sens a déclenché, je me suis dit de nouveau bis repetita que si un homme avait dit cela, on lui aurait découpé ses testicules façon carpaccio et voué aux gémonies son esprit indélicat façonYann Moix. 

Et moi de renchérir dans un hoquet  «  ah non on s’est pas emmerdées toute notre vie pour finir avec un grisonnant poivre et sel voire tout blanc avec sa libido au Viagra ! » ;  comme quoi niveau cliché on a réussi à obtenir l’égalité. 

Force est de constater néanmoins que la vision d’un sexta dans mon lit de fillionnère ( bah oui on dit bien garçonnière nan ? ) ne m’emballait en rien. Pas décidé de jouer les Diane Keaton avec un Nicholson fumant cigare et fraichement sorti d’une attaque cardiaque ( sorti du film « tout peut arriver » de Nancy Meyers, un régal) , je me disais quand même que Keanu Reeves  le beau docteur en blouse blanche et mèche brune dans les yeux était plus ma came.

Alors est sorti de vilain mot youpornesque : Suis-je une cougar ? 

Si l’idée d’un très jeune a parfois pu m’effleurer, j’avoue néanmoins que la vision d’un moins de 30 ans dans mes draps n’a pas perduré. Aucune envie de jouer « le blé en herbe »  et de mener la baguette (ou la braguette, choisissez, celle-là elle es tpour oi)  avec l’inexpérience potentielle. J’ai envie qu’on s’occupe de moi, que je me laisse aller grâce à des mains expertes, une langue rompue aux baisers, un sexe au garde à vous et empirique. 

A force de segmenter les marchés, l’offre se réduit. Et c’est là que l’on rencontre un hic ( traduisez par hic : homme maqué ou marié) 

La tranche sur laquelle mon esprit de synthèse et d’analyse me fait converger ( appréciez mesdames la finesse de mon vocabulaire) est celle des 30 – 40 ans et cette tranche là est majoritairement déjà en main. 

Alors est sorti un autre vilain mot, issu de nos traditions latines et romanesques : Suis-je prête à devenir la maitresse d’un homme marié ? Suis-je prête à trahir une des miennes pour une nuit à 6 orgasmes ? Un Cinq à Sept ludique où les fantasmes se déploient sans enjeu ? Une permission de minuit où l’homme se rhabillera en demandant penaud : « tu veux bien garder le reste de la boite de préservatifs, je la sens pas trop de la ramener chez moi ? » Une boite déchirée à la hâte, preuve d’une irrépressible envie de sexe là maintenant tout de suite, témoin acculé des assauts répétés d’un fringuant trentenaire. 

On va pas se mentir, un homme qui vous fait l’amour mais qui se barre à minuit, c’est le summum du luxe, c’est l’apothéose du cul, l’acmé du célibat bien vécu.

On a l’impression d’avoir gagné au loto sans avoir les impôts à payer, de bouffer un cheesecake sans prendre un gramme, de muscler son corps sans avoir besoin de souffrir 10 Km de training au Buttes Chaumont. Un homme qui part à minuit, c’est la possibilité, après une douche bien chaude, de remettre son pilou pilou et ne pas continuer à porter cette petite nuisette tellement sexy et tellement inconfortable ! On peut finir le chapitre du dernier Philippe Djian, en rallumant la lumière sans entendre un soupir réprobateur, on peut se faire un thé en allumant une clope, le corps gavé d’orgasmes, labouré de coups de reins, heureux, repu, rassasié. Un homme qui se barre à minuit, il n’oublie pas ses chaussettes, il repart avec et toutes ses petites affaires bien au complet, il ne laisse pas de traces visibles de son passage. Il n’abime pas ma tanière, il ne laisse aucune empreinte à part une dans mon sexe dévasté mais celle là d’empreinte on l’adore. On se la garde toute la journée, on y repense quand on s’assoit un peu brusquement sur une chaine et on en rosit en cachette. 

Un homme qui se barre à minuit, c’est la promesse d’un réveil sans haleine douteuse à côté de soi, la possibilité de  prendre son premier café au lit en matant Télématin, encore toute chaude des caresses de la première partie de nuit. C’est le beurre, l’argent du beurre et le XX du crémier.

Je me suis souvenu d’une phrase de Jane Birkin période Gainsbourg qui disait qu’elle cachait son eye-liner sous son oreiller pour se maquiller les yeux avant que Serge ne se réveille. Non mais sans blague ? Vous avez vu ma tronche de 47 piges au réveil ? Les yeux gonflés, la tignasse en mode dessous de bras ? Ah non, mon réveil est solitaire, jouissif, et onaniste. Je n’ai qu’à passer la tête sous les draps pour me remémorer les saillies bienfaitrices. Et cette sensation olfactive est bien suffisante, bien supérieure à la présence d’un intrus dans mon salon. 

Bon et puis j’avoue, je ne suis pas du matin. Sexe ou pas sexe, le matin ca démarre par un café et pas par une pipe. 

Néanmoins, parce que je suis une bonne fille sous mes airs délurés, se pose la question de la morale. 

Ah la morale. J’avoue naviguer entre deux eaux quand mon cerveau, lavé des ocytocines, reprend la main sur mon appareil génital. 

Doit-on se sentir coupable, percluse de courbatures ET remords à l’idée qu’une de nos soeurs soit trompée ? Doit-on avoir en main la possibilité de faire souffrir une de nos congènères ? 

Pas de réponse qui ne saurait être clivante : 

Si tu m’écoutes et que tu es toi même maitresse d’un homme marié, tu dois te dire que s’il est dans ton lit, c’est qu’il a fait un choix et que c’est à lui de l’assumer. Qu’il ne doit pas être satisfait dans le lit conjugal pour venir chercher avec toi le délice adultère. 

Si tu m’écoutes et que tu te mets dans la peau de l’officielle bafouée, tu dois penser qu’on est toutes des bitchs et que l’on a pas à aller chasser sur un terrain qui ne nous appartient pas. 

Sans éluder la question, j’avoue que le remords ne m’a pas effleuré un instant. Je l’ai réfléchi avant d’être à l’horizontal avec le jeune homme, trituré ( le remords hein…?) puis décidé qu’il ne m’appartenait pas. Que j’étais consciente que l’acte était délictueux mais que oui, en fin de compte, la culpabilité n’était pas mienne. Pour autant, le respect absolu du pacte de confidentialité doit être la pierre angulaire de la relation. On sait à qui on a affaire, et les règles du jeu doivent être acceptées sans compromis. 

Et si les sentiments s’en mêlent me rétorquerez-vous ? Une fois de plus, pas de réponse moralisante ou toute faite. Si j’ai choisi de mettre un homme déjà pris dans mon lit, c’est pour une bonne raison. La possibilité de stopper net sans avoir à se justifier, sans conséquence grave et surtout j’ai choisi un homme non libre car moi de mon côté je me suis libérée du sentiment amoureux à tout prix et je ne me suis jamais sentie aussi sereine. 

Et dans adultère, il y a le mot adulte. Dans ma tête, accepter un homme marié, c’est vraiment accepter un homme qui n’a absolument pas dans l’idée de tout quitter pour vous. Et c’est très bien comme ça. S’il a moins de 40 ans, c’est le Graal. C’est la crème, la crémerie et la Bip du crémier. 

Des doses , des kgs d’amour par camion entier, j’en ai eu. Par certains j’ai été aimé, choyée. Et je m’estime plus que gagnante. 

Aujourd’hui, à 47 ans, je m’aime moi et mon taux d’ocytocine n’a jamais été aussi haut. 

Love u girls

Esther 

Je dédie cet épisode à mes auditrices Delphine qui m’envoie des photos du haut d’une éolienne, et à Vanessa qui m’envoie des MP qui me font la journée et emballe pour mon petit coeur

Merci à toutes et à tous pour vos écoutes toujours de plus en plus nombreuses. N’hésitez pas à en parler autour de vous. Et vous savez ce qui m’aide le plus ? Des étoiles et un commentaire sympa sur Apple Podcast. 

Un compte pour faire la vboucle avec cet épisode @orgasmons_nous et comme vous pouvez le deviner, ce n’est pas un feed de recettes de cuisine. Quoique . Enfin je vous laisse voir ! 

Illustrations du feed pour EEMTF de Stella compte Insta @design.et.moi et Kelly His compte insta Kellyhis_crea. 

Cover Marie pour @Creuser_meninges Musique originale Many Kinds Design aka dame civile. 

Bye

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